des transports une heure en 1918, en avait profité
pour déclarer à la Suisse et au Wurtemberg une
guerre qu’il croyait toujours sévissante et qu’il avait
hâte de conclure. Il s’était échappé de l’asile, à la
faveur de cette confusion qui fait douter quelques
minutes le directeur de maison de fous, à l’annonce
d’une guerre ou d’une émeute, que les règles du bon
sens restent les mêmes, avec un camarade de cellule,
un gros brasseur à folie douce, qu’il essayait d’exciter
en lui contant tous les méfaits de cette Allemagne :
qui avait laissé massacrer les Roumains de Temesvar
par les Hongrois, les Bulgares russes par les Bulgares
Bulgares, les Arméniens par les Turcs, qui avait
ruiné la France et ne la payait pas. Les gardes, désignés
aux suffrages de leurs collègues comme les plus
doux, — pour éviter les massacres de 1918, — apportaient
des foulards, à ceux qui toussaient et conduisaient
le Dr Lipp fumer sa cigarette aux lavabos,
après avoir vérifié sa manchette comme au concours
général. Le bruit du canon seul donnait à réfléchir,
car il n’était guère possible de l’expliquer, comme Ida
les coups de fusil, par l’exercice des bourgeois sur
leurs terrasses ou contre leurs plafonds. J’étais là
depuis une heure dans la tabagie, et commençais à
regretter le compartiment pour révolutionnaires non
fumeurs, quand un garde, de la part d’une détenue,
m’apporta le billet suivant :
— Cher Heinrich, je suis près de toi, au fond, à droite. Écris-moi trois lettres. Qu’est-ce que la culture et qu’est-ce que la civilisation ? N’as-tu point passé jadis l’examen du port de Hambourg ? Sais-tu si je t’aime ? Ta Fanny.