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104 SIHON LI PATHÉTIQUI

per notre joie. Nous la sentions grandir en nous, non sans angoisse. Nous sentions un émoi s’accroître lentement, comme s’il avait un W cours réglé ; nous attendions je ne sais quelle secousse, quelle délivrance, comme celui qui n’a jamais pleuré, le jour où il souffre, devine, attend les pleurs. Nos yeux justement se voilaient : allait-il en tomber de la neige, du grésil ? - Près de nous un ruisseau coulait, bouillonnait, déversoir de tout le délire. Je l’écoutais, ma tête posée sur les genoux de Gabrielle ; bientôt je n’entendis plus que lui ; je fermai les yeux. La A futile Gabrielle seule connaît le geste ou la stupeur qui termine la joie : je m’endormis. Une feuille morte, la première feuille morte de l’année en tombant m’éveilla. Là-bas un coq chantait et me donna une seconde l’inquiétude de l’aube... Mais je reconnus le soleil ; je reconÉ nus le silence, ni Gabrielle ni Frauken n’avaient ? encore prononcé une parole. Sur mes tempes reposaient encore, casque embaumé qui ne m’avait rendu qu’à moi-même invisible, les Q mains jointes de mon enfantine amie. Elle ne me savait pas éveillé, mais elle sentait se fondre le plomb sacré qui alourdissait ma tête. Ses mains J