Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

x36 sinon un urnirxgun

fille que j’eusse épousée en province, du demi bonheur dédaigné — du jardin le soir avec ses tomates, de la pêche aux écrevisses — rendait Q pénible l’idée d’un bonheurfmoins borné, l’idée J d’Hélène. Je négligeai mes amis trop intelligents, mes amis trop riches. Je devins le familier de ceux qui n’ont point eu de grandes chances, de grands espoirs, et qui se sont arrangés dans la vie comme on s’arrange dans une île ; des camarades répétiteurs mariés à des répétitrices, des fonctionnaires qui venaient d’épouser leur amie, ou leur cousine boiteuse, ou cette femme jus- î tement, sans charme et dévouée, que dans l’île j’aurais acceptée pour compagne. Ils me présentèrent à ces sous-intendants en retraite et à ces veuves qui ont adopté la dernière famille par laquelle ils furent vus en uniforme ou en ménage. Dans ce petit cercle discoureur et fran— çais j’étais aussi en sûreté contre mon amour que contre un sentiment hindou, un goût chi’nois. J’en profitai ; je revins sans mot °dire à cette époque heureuse où je n’avais pas vu e la mer, où Degas et Rodin ne déjeunaient pas chez moi, et, par politesse, ignorant qu’ils mourraient ensemble, n’y cherchaient pas à ’ découvrir qu’ils étaient nés la même année ;