Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/149

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cour. Ce ne fut plus à la nuit, à la nostalgie que je la disputai, mais à des rivaux de mon âge et de ma taille, à Gray-Lucigne, à Adolphe Évans, à ses prétendants même. Les jours ou j’offrais un aveu moqueur et attendri, c’est a eux qu’e1le me préférait, et non à Musset, et non a Verlaine. Après tant de déguisements, nous nous étions enfin rejoints sous cette forme et ces masques. Le flirt n’amenait plus près d’elle que le suicide ou la mort. Sur un terrain banal nous goûtions mille plaisirs interdits dans notre royaume. Devant des tiers je lui faisais de fades compliments qui nous touchaient tous deux aux larmes. Je m’extasiai sur ses épaules, sur son décolletage ; ses épaules rougissaient. En excursion je la réclamais près de moi, je m’étendais sur sa part de gazon ; nous avions une humeur complice qui lui faisait maintenir une de ses amies, dont la peau était douce, pour que je l’embrasse. On la maintenait à son tour.

Un soir que nous passions devant sa chambre et qu’elle en voulait fermer la porte, je l’écartai doucement, j’entrai. La fenêtre aussi était ouverte, j’aurais pu entrer par la fenêtre. Discret, évitant de regarder chaque meuble, chaque