Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/195

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Je ne TBVIS plus’Anne. Immobile, je ne respirais même pas. Il n’y avait point de buée sur la glace du petit sac ouvert au-dessous de ma bouche. Le train sifllait, nous arrivions. Anne T m’appela, de lèvres qu’elle avait approchées d’un centimètre, mais qui me semblèrent maintenant posées sur mon corps même, qui me " brûlaient...

— Simon, je vous en prie. Nous arrivons... Je ne bougeai pas. Elle prit ma manche, elle toucha mon chapeau. Elle comprenait que je n’étais pas là. Il fallait convaincre mes vêtements, ma canne... Q ·

— Venez, je vois nos amis, sur le quai de droite.

Nos amis ? Mot étrange ! Ceux qui nous aimaient ? Ceux que nous aimions ?’Nos amis, en un mot ?... Le train s’arrêtait. Anne dégagea doucement son sac, le ferma surce reflet triste et mort, enleva de ma main gauche la cigarette consumée qui déjà me brûlait les doigts. J’entendis la porte se refermer... Elle mit même le loquet, elle eut peur de mon imprudence. J’entendis, sur le quai des amis, des voix joyeuses, sa voix joyeuse. Réfugié du côté des ennemis, je baissais la tête dès qu’apparaissait un em-