Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/23

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que toute classe ait son premier, comme elle a son dernier, et son menteur, et celui aux jambes maigres qu’on appelle tombé du nid. Mais je me rendais compte qu’ils estimaient, plus encore que le labeur, l’aisance de l’esprit, l’indépendance. J’étais respectueux sans humilité, zélé sans zèle. J’avais une écriture haute, nette, des cahiers à double marge, de sorte que la correction n’y devenait pas une tache infamante, mais la variante, mais un appendice. Je ne demandais jamais à répondre, mais interrogé, je me levais, et tout droit, et je ne feignais pas de m’asseoir sur l’encrier de la table voisine. Libéraux, ces hommes avaient de la reconnaissance envers cet enfant libéral. Ils ne me tinrent pas rigueur de ne jamais m’attarder à leur chaire, la récréation sonnée ; de ne jamais accepter leurs invitations pour le dimanche, comme si j’étais le perpétuel invité de mes camarades… Ils m’estimaient.

— Simon, me dit l’un d’eux, vous qui êtes la conscience de la classe…

Ils me chargeaient donc de décider tout ce que tranche une conscience, s’il fallait reculer la composition, ouvrir la fenêtre, si Tibulle vraiment l’emporte sur Properce. De mon côté, dans