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nxournn nu PATHÉTIQUI · (233

regard, contre une bouche frêle et dont les lèvres étaient fondues, — bouche pour toujours close. Mais ce fut justement cette seconde Anne, privée de passion, et de sens, et de vie, qui me donna l’ardeur de poursuivre la première. Je pensai à mon bonheur, dans cinq mi- ’ nutes, dans la rue, si je n’étais pas ennemi d’Anne. Pourquoi me brouiller avec toi, corps de l’ombre que j’aime ? Etre fiancé d’Anne, quand la nuit tombe, quand la pluie tombe, quand des enfants crient des journaux ! Etre fiancé d’Anne, quand près de votre lit, le cho- É colat fume, bouillant, vous brûle, qu’on l’abandonne pour sommeiller une minute, qu’on se j réveille, et il est froid.

— Anne... ’p

— Laissez-moi

A midi, quand on entend, du vestibule, en quittant son paletot, moudre le café à Poffice. · Et je ne parlais pas du thé, du maté, je ne parlais pas de l’alcool, que les vieux messieurs tiennent avant de le boire dans leur main fermée, imaginant qu’elle le réchauffe. Ètre fiancé d’Anne, ’ et boire un porto tout seul, devant un barman inconnu... ou un manzanilla, ou un porto f1ip... ~- Anne".