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Boncerf risquaient peu à vivre ! et pourtant en une minute il fut prouvé par eux que rien r — d’humain ne leur était étranger. Les senti- x ments familiaux ? La mère ne parlait que de sa mère morte, mère exemple d’amour filial ; les filles étaient possédées par l’amour maternel et se passaient sans relâche leur cadet. Les sentiments français ? L’héroïsme ? La bravoure ? Les Boncerf toujours avaient été intré- L pides. Rien de plus beau que la patrie. Le père, blessé au Soudan, avait pris au Tonkin un étendard. L’oncle, mort depuis, avait repêché un’de ses neveux, mort depuis lui-même, de sorte que l’héroïsme des Boncerf semblait main- ’ tenant s’être exercé dans l’eau même du Styx. Héroïsme qui ne sortait pas plus de la famille que Didi du cercle de ses sœurs : les fils n’avaient point sauvé de baigneurs qui ne fussent au moins cousins, les jeunes filles nese mariaient a point en pensée aux jeunes maris inconnus. Sur les visages, avec une ressemblance complète, des traits faussement divers : Marthe avait un nez retroussé et des yeux en amande, Jeanne des lèvres trop rouges, des cheveux bleu cor-I beau —· tout ce slqisme, cetatarisme, cet ibérisme de famille qui fournit les surnoms, les