Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/29

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dice une amie de Louis XV, d’Orphée un comte bourguignon. Il lut celle de Gratien, où Orphée était un Persan, celle de Georges, qui intervertissait les rôles et laissait enlever Orphée, dans une clairière, naturellement, par les femmes de Bactriane. Chacun de ces devoirs était pour lui une déclaration d’amitié, de zèle. Chacun sous un masque, nous nous engagions pour un an à la fantaisie qu’exigent les humanités ; nous nous engagions à être originaux, à être une classe où l’on ne copiait point et, de ce jour, il vécut à l’aise. Il se retourna sans péril vers sa chère troisième qu’il ramenait enfin de l’enfer. Encore au large dans sa liberté, il allait vers le tableau par des détours infinis, longeant les fenêtres. Il goûtait à chaque heure la joie de nous trouver attentifs, et, en fait de voluptés classiques, déjà trop avertis. Il nous tendait à dessein des pièges pervers dans lesquels eût donné peut-être toute autre classe, mais, en vain : nous savions toutes les expressions ambiguës, nous connaissions toutes les effigies marquées au revers du mot le plus usé…

— Comment se fût appelé, sous Louis XIV, un gentilhomme austère, puritain, mais d’esprit libre ?