Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/30

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— Un libertin ! criait la classe. — Et La Fontaine, qui ne croyait pas ? — Un mécréant !

Il flattait le lyrisme de nos narrations ; nous modérant à peine quand nous comparions le profil d’une colline à la ligne d’un jeune sein. Il accepta notre mode des dialogues, car dans nos devoirs, fatigués de s’écrire, les auteurs célèbres, désormais, se parlèrent. Molière et Racine, Figaro et Scapin, Hérodote et Chateaubriand avaient enfin, sur un terrain neutre semé d’asphodèles, l’explication que tant de faux amis et de siècles avaient différée. Entrevues qui n’aboutissaient pas toujours, comme celle de Victor Hugo et de Napoléon III, de Médée et de Jason. De même qu’en géographie, pour étudier la moindre Cévenne ou le moindre puy, nous dessinions toujours à son côté la coupe de l’Himalaya, nous mesurions ainsi à leur plus grande échelle, — Prométhée pour l’audace, Bayard pour l’honneur, — chaque homme, chaque sentiment. Chacun de nos petits héros, à l’autre bout du temps, eut, pour l’équilibrer, le plus illustre contrepoids. Les grands hommes pour nous n’existèrent plus guère que par couples, et maintenant encore j’appelle dif-