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I¢"(}0LE DU SUBLIHI • 47

rabaissées, il se saisissait avidement, ·— comme le voyageur assoupi en gare saisit sa valise au premier cri, de la- journée et du présent., il parcourait les enveloppes de son courrier, épe-· lant les syllabes de son illustre nom ; il mangeait des fruits de son château, il demandait quel était le temps. On avait parfois la consolation de lui répondre qu’il pleuvait, qu’il neigeait, que Paris était couvert de boue.

Je devins cependant son favori. Alors que je ne lui avais même pas indiqué mon adresse, il me confia ses deux secrets. Les voici ; je n’ai ’pas eu l’occasion’de m’en- défaire plus tôt : son père s’enivrant, il l’avait fait conduire un jour au poste, pour l’humilier et le corriger ; un Q dé ses amis ayant pris sa place comme otages sous la Commune, Bolny, atteint subitement. de goutte, n’avait pu revenir à temps et l’ami ’fut passé par les armes. C’est ainsi qu’il avait fait pénétrer le rhumatisme dans l’histoire de Damon et de Pythias, le sergent de ville dans celle de Noé. Une chose en moi l’inquiétait : tant d’indifférence pour mon avenir. Il m’aurait souhaité plus ambitieux. Il s’ingéniait à exciter I mongamour-propre ou ma vanité. Sur son.ordre on insérait. mon nom à tout propos dans son