Page:Giraudoux - Suzanne et le Pacifique, 1925.djvu/82

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tenue par un serpent d’or, tenu lui-même par une main, une main debout sur une tortue d’émeraude, je lui criais combien elle était simple, — et combien superbe, combien anglaise sa cravate de smyrne, toute carmin avec des fleurs de lys et des lisérés verts. Il m’approuvait d’un geste de tête qui amenait l’Océan juste au-dessous de sa bouche.

Il nagea soudain à ma hauteur, caressa mon visage desséché de sa main humide. Qu’ils étaient beaux, ses boutons de manchette en malachite ceinte de dragons ! Qu’ils étaient simples, ses yeux d’aventurine sur ivoire encadrés de sourcils bleus touffus comme des palmes ! et je ne compris pas pourquoi il me tendit sa bourse, comme la dame qui fait payer son invité au restaurant, et pourquoi, car il n’avait pas d’imagination, il me désigna soudain quelque chose dans le ciel, comme Nenetza, bien que ce fût le jour, et me fit détourner les yeux de lui une seconde…