Page:Giraudoux - Suzanne et le Pacifique, 1925.djvu/98

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Vous allez être déçus. Non pas qu’elle ne fût comble des arbres les plus beaux, de ces minéraux qui servent d’étalon pour juger les autres minéraux et sont à eux ce qu’aux métaux est l’or, de ces papillons sur la présence desquels se juge une collection. Mais je ne pourrais vous dire le nom de ces merveilles. On avait négligé à Bellac de m’apprendre la faune et la flore équatoriales. Sans trop de peine, j’identifiai les cocotiers, les oiseaux de paradis, mais ce fut tout. J’emploierai donc à tort, pour vous parler des plantes, tout ce qui me reviendra des mots exotiques, palétuviers, mandragores, mancenilliers, tout ce que m’a appris de botanique le grand opéra, et pour vous décrire la plus belle volière du monde, ou des mots un peu simples : la poule tricolore, la pie à bavette, ou, pour que le décor ait l’air situé, les trois ou quatre mots que l’on retient par dérision, à dix ans, après une lecture de voyage en Guinée, et qui servent à surnommer des camarades : ptemérops, gourah Morandi, et Mucuna.

Sur mon île, dessinée comme un signal à terre dans les camps d’aviation, première bordure en corail et en nacre, seconde ceinture de cocotiers,