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composé en vers ; à la lecture de celui-ci :

Aucun fiel n’a jamais empoisonné ma plume.

la salle retentit d’applaudissemens.

Un jeune homme vint un jour lui faire la lecture d’une satire ; Crébillon l’écouta tranquillement, et quand la lecture fut achevée, il lui dit : jugez, Monsieur, combien ce malheureux genre est facile et méprisable, puisqu’à votre âge vous y réussissez.

Crébillon avoit composé une tragédie de Cromwel ; Louis XV en étant informé, l’arrêta un jour, et lui dit : M. de Crébillon, vous travaillez à une tragédie de Cromwel ? — Oui, Sire ; — Croyez-moi, reprend le Monarque, n’usez pas tous vos vers sur ce sujet-là. Le poète comprit l’intention du prince, et la pièce resta dans le porte-feuille.

Crébillon fut pendant douze années brouillé avec Piron ; toutefois ce dernier prouva qu’il lui avoit toujours rendu justice, en lui composant l’épitaphe suivante :