Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/141

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Réponds, masse de chair ! pourquoi ma lèvre a-t-elle
Ces longs frémissements quand tu viens m’embrasser ?
À ton insanité la passion m’attelle,
Et je crois, dans tes bras, que je vais trépasser !

C’est que, Brute, tu sais flairer en moi la Brute,
Et, lorsque dans tes yeux alanguis et méchants
Mon regard inquiet s’aventure et les scrute,
Il rencontre un miroir aux reflets alléchants !

C’est que dans ta beauté sans grâce je démêle
L’irrésistible attrait qui ravit tous mes sens ;
Et, comme un animal qui trouve sa femelle,
Du haut de mon orgueil à tes pieds je descends.



IV



Il fait nuit. Mots confus, romances ordurières,
Se croisent sous le toit du logis ténébreux,
Et, tombant de sommeil, les pâles ouvrières
Se mettent au labeur qui leur rend les yeux creux.

Ô louche volupté, c’est ton heure ! Perdue
Dans les flots parfumés de ses grands cheveux blonds,
Laurette ouvre à demi sa paupière éperdue
Et compte les instants qui lui semblent bien longs.