Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/147

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Nous passons, méprisant les niaises atteintes
Des envieux braquant sur nous leurs gros yeux ronds.
Nos pas, dans les rochers, ont creusé leurs empreintes,
C’est bien du sang des dieux que nos veines sont teintes
Et le laurier sacré fait un nimbe à nos fronts.

Ses cheveux ruisselant sur son épaule fièree,
La Muse auguste est là, folle d’amour, ouvrant
Ses bras nus arrosés de vie et de lumière,
Avec l’air martial d’une jeune guerrière
Aspirant les accords du clairon enivrant.

Le soleil amoureux éclaire sa poitrine
Blanche sous les ardeurs des rayons embrasés,
Pendant qu’une lueur charmante et purpurine
Caresse tendrement l’aile de sa narine
Et sa lèvre hautaine aux terribles baisers.

Nous seuls avons le droit de toucher sa ceinture
Et les voiles flottants sur son beau corps épars ;
Les autres, écrasés par sa haute stature,
Tremblent, sachant qu’elle est pour eux cruelle et dure,
Et qu’elle peut lutter avec les léopards !

Comme elle est jeune et forte, elle veut, quand on l’aime,
La force et la jeunesse au cœur de ses amants,
Et crache son mépris à la figure blême
De celui qui n’a pas, jusqu’au fond du ciel même,
Volé d’abord le feu sur les autels fumants.