Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/183

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Et ce n’est pas le seul dont leur haine brutale
             Ait lacéré la chair,
Car mon destin sera d’avoir été fatale
             À ce qui m’était cher.

Et vous tous dont les cœurs se consumaient sans cesse,
             Ainsi que des brasiers,
Poètes frissonnants d’amour et de tristesse,
             Ô doux suppliciés !

Je vois sous vos lauriers une épine sanglante
             Dresser ses dards aigus,
Et tout vous est funeste, et la bête, et la plante,
             Ô mes soldats vaincus !


II


Mais, puisque vous saviez, Ô victimes augustes !
             Quels seraient vos destins,
Et puisque vous cherchiez les opprobres injustes,
             Les outrages certains ;

Que, pour donner l’essor a vos odes captives
             Ruisselantes d’amour,
Vous-mêmes présentiez hardiment vos chairs vives
             Aux serres du vautour,