Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/382

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La Chute d’un Ange. 323 On se faisait passer Privel de main en main, Et chacun admirait la fraîche créature. L’art ne lui prêtait rien, et la simple nature Avait orné V enfant prédestiné. C’était Délicieux a voir, son œil qui reflétait Les étoiles du ciel avec cette innocence / Ce regard séraphique avait tant de puissance Que Lagier se troublait devant lui. Quelquefois Jl disait : « Taisez-vous / J’entends là-haut des voix ! » Et l’on faisait silence. Prêvel ! ô doux être En qui la rose auguste et le lys semblent s’être Donné le rendez-vous mystique ; virginal Officiant, pudeur vivante du journal, Pourquoi cette amertume, ô mon Prêvelt La cause En est grave sans doute et triste ? Qui donc ose Te faire du chagrin, cher Joast On ne sait. Mais Prêvel est amer. Il est amer. Il s’est Abonné brusquement a la misanthropie. Il ne parle a personne ; il est sombre ; il copie Timon d’Athènes. Seul, il hurle dans les bois, Farouche et désolé comme un loup aux abois. Hier, il se jetait sur l’infortuné Becque Avec F activité dévorante d’un Tchèque. Il n’aime plus les vers, ce poète / on dirait Que Magnard l’a mordu dans un endroit secret. Seigneur, qui voyez tout, Seigneur, dieu des armées, Les pleurs ont mouillé nos paupières enflammées ;