Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/71

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Épuise, s’il te plaît, toutes les voluptés ;
Fais, en levant ton front à la foudre rebelle,
Fuir au loin dans le ciel les dieux épouvantés ;
Sois Messaline, sois Locuste, mais sois belle !

Sois longtemps belle, afin que je t’aime longtemps ;
Sinon, quand la vieillesse à la dent vipérine
Aura bien racorni tes genoux tremblotants
Et creusé des sillons dans ta noble poitrine ;

Quand ton bras sera maigre, et lorsque, répandu
En longs filets, l’argent teindra ta chevelure ;
Lorsque tu marcheras comme un vaisseau perdu
Qui vogue à tous les vents sans rame et sans voilure,

À peine si ton nom me parlera de toi,
Et je te frôlerai, toi maintenant si fière,
Ainsi que le passant côtoie avec effroi
Un temple dont l’idole est tombée en poussière !






À Ronsard.



Afin d’oublier cette prose
Dont notre siècle nous arrose,
Mon âme, courons au hasard