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Nuit d’été.


À Philoxène Boyer.



Nuit d’été ! Nuit d’été ! — La forêt des Ardennes
Va resplendir de feux ; des visions soudaines
Ont éclairé les pas de la Rosalinda,
Le cygne avec amour s’approche de Léda,
Et là-bas voyez-vous ces formes incertaines
Qui s’éloignent sans bruit des murs sacrés d’Athènes ?
     Holà ! Démétrius ! — Lysandre ! — Me voici !
Titania la blonde et Farfadet aussi.
C’est la nuit des amours qui s’égarent en route ;
Bottom, ivre de joie et de bonheur, écoute
La reine qui lui dit : — Mon beau fils ! cher mignon !
— Obéron rit tout bas. — Au lieu d’un champignon,
C’est un sonnet galant qui vient au pied du hêtre.
Tous ces gens sont heureux. — À l’aurore peut-être
Tout s’évanouira : Bottom désenchanté
Verra sa tête d’âne, et le père irrité
Mènera nos amants devant le duc Thésée.
Mais qu’importe ? la fleur frémit dans la rosée,
Et la nuit sera longue et bonne pour l’amour.
Donc, aimez à plein cœur, il n’est pas encor jour !
     Nuit d’été ! Nuit d’été ! — La chaleur endormie
Nous guette sourdement ainsi qu’une ennemie