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L’Adieu du Poète[1]


Pièce en 1 Acte


La scène se passe au Havre, où Crémazie s’est réfugié depuis trois ans, cachant sa personnalité, sous le nom de Jules Fontaine. Le théâtre représente une chambre d’hôtel : fauteuil de malade placé auprès d’une table chargée de livres et de papiers. Deux ou trois autres meubles modestes.


Scène I

Jeanne
(Elle entre furtivement et regarde)

Pas encore levé, pauvre ami, pourvu qu’il ne soit pas plus malade !

(Elle dépose une gerbe de fleurs)

Ses jours sont comptés, me disait hier le médecin. Pauvre grand homme ! Venir mourir ici, sous un nom inconnu, sans une amitié !… Voilà pourquoi je suis venue à lui, voulant donner un peu de tendresse à ce malheureux qui s’éteint. Ma mère qui demeure dans cette maison, prise, elle aussi, d’une grande sympathie pour le triste exilé, permet que je lui apporte des fleurs et je viens tous les jours…

Octave Crémazie, un poète, un noble cœur, une grande âme : voilà celui qui va mourir, et qui portera encore dans la tombe le nom de Jules Fontaine.

  1. Cette pièce a été créée au Théâtre National Français de Montréal, par M. Elzéar Hamel et Mlle  Henriette Moret, et jouée toute la semaine du 22 juin 1902.