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L’Adieu du Poète

Crémazie

Beaucoup, mais qu’importe !

Jeanne

Voulez-vous regagner votre lit, où vous vous reposerez mieux ?

Crémazie

Non, ma Jeanne, je ne le verrais pas, lui ! (indiquant l’océan) et je dois un regard au messager qui redira là-bas mon dernier cri d’amour… (Silence. Jeanne est à genoux et regarde le mourant. Celui-ci s’affaiblit de plus en plus). Je me meurs… Jeanne !… votre main et lui… (divaguant) lui, il m’entend… il vient me chercher. (S’exaltant). Ma patrie ! Tu me veux ! Me voilà ! Me voilà ! (Dans un grand cri) Me voilà ! (Il s’est à demi soulevé et retombe mort. Jeanne donne les signes du plus profond désespoir et avec un accent de grande douleur :)

Jeanne

Mort. Crémazie est mort !… mort !…

(Elle lui prend la main, la baise et sanglote éperdument. Soudain elle lève, avec un grand geste vers l’Océan, et majestueuse)

Canadiens-français, votre poète est mort ! Son dernier souffle a été une dernière pensée pour le Canada. La France vous le garde. (D’un accent plus profond). Mais, souvenez-vous !!!


(LE RIDEAU TOMBE)