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Premier Péché

Fraserville est fort joliement bâti, tout respire l’aisance et le bien-être, on y sent la joie de vivre, et c’est déjà un grand bonheur. Les industries y sont florissantes, et le commerce est toujours à l’âge d’or !

En suivant le fleuve, et remontant un peu, c’est d’abord Saint-Patrice, coquet village, aimé des paisibles citadins, puis Notre-Dame du Portage, qui ne le cède en rien à son joli voisin, tous deux sont gracieux au possible, et finement appréciés. Plus loin, plus loin, Kamouraska avec ses galets énormes, ses paysages ravissants, son fleuve grondant, ses bosquets embaumés, ses superbes manoirs, ses jolies habitations, son gai Casino, et sa charmante population. Kamouraska, fier, modeste, qui se tient en arrière, mais que l’on a découvert dans un besoin d’admiration, et que l’on adule depuis. Kamouraska qui est en perpétuelle coquetterie avec sa captivante vis-à-vis, la fine Malbaie, qui, sous les soleils éclatants, lui lance des éclairs de beauté, et Kamouraska de lui répondre en sauvage amoureux.

Kamouraska ne saurait être oublié. On y va tous les ans, par habitude et par goût. C’est tranquille et gai tout à la fois. La jeunesse s’y amuse, l’âge mûr s’y délasse, et la vieillesse s’y repose. On y danse ! on y rêve ! on y dort ! Tout le monde est heureux ! Veinards !

Je croyais avoir dépensé toute mon admiration pour les merveilles de la côte nord, et voilà que les décors du sud me plongent en plein enthousiasme. Oh ! cela ne s’épuise jamais, le sentiment du beau et du noble, on le sent toujours en soi, et n’est-ce pas que l’âge ne saurait l’amoindrir ?

Oh ! jamais alors il ne faudrait vieillir.