Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/11

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légèreté, l’inconsistance d’esprit, la ténuité des idées morales chez les Persans. Il a admirablement développé et traité son thème. Il a pris une physionomie sous un aspect, et ce que cet aspect présente, il l’a rendu en perfection sans en rien omettre ; mais il n’a ni voulu, ni pu, ni dû rien chercher au-delà : il lui aurait fallu sortir des lignes tracées par la position du modèle. Il ne l’a pas fait et on ne saurait l’en blâmer. Seulement, le résultat demeure qu’il n’a pas tout montré. Pour ce motif et parce qu’il n’y avait pas lieu de copier de nouveau la figure qu’il avait si bien réussie, je n’ai pas voulu produire un livre, mais une série de Nouvelles ; ce qui m’a permis d’examiner et de rendre ce que je voulais reproduire sous un nombre d’aspects beaucoup plus varié et plus grand.

Je n’ai pas eu seulement pour but de présenter, après Morier, l’immoralité plus ou moins consciente des Asiatiques et l’esprit de mensonge qui est leur maître ; je m’y suis attaché pourtant, mais cela ne me suffisait pas. Il m’a paru à propos de ne pas laisser en oubli la bravoure des uns, l’esprit sincèrement romanesque des autres ; la bonté native de ceux-ci, la probité foncière de ceux-là ; chez tels, la passion patrio-