Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/198

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que j’aie pu présenter mes respects à Votre Excellence.

— Mais, au moins, tu lui as promis quelque chose ? reprit le Farrash-Bachi en souriant. Combien lui as-tu promis ?

— Par votre tête, par celle de vos enfants ! s’écria Gambèr-Aly, je ne me suis avancé en aucune manière, me réservant de prendre vos ordres à ce sujet.

— Tu as bien fait. Agis toujours aussi discrètement et tu t’en trouveras mieux. Voici le conseil désintéressé que je te donne. Pour ce qui est de moi, ne te gêne pas. Je suis trop heureux de pouvoir te servir. Mais comme tu débutes dans le monde, il te faut apprendre à rendre à chacun selon son rang sans quoi les étoiles elles-mêmes ne pourraient pas fonctionner dans le ciel, et l’univers entier serait la proie du désordre. Tu sais qu’un pishkhedmèt n’est pas un ferrash-bachi ; dès lors, tu ne peux légitimement donner au premier que la moitié juste de ce que tu destines au second, et afin de te préciser les choses, remets à Assad-Oullah-Bey, aussitôt que tu le pourras, cinq tomans et quatre pains de sucre, pas davantage ! Tu vois que je tiens à ménager tes petits intérêts !

Là-dessus, le Ferrash-Bachi donna une légère tape d’amitié sur la joue de Gambèr-Aly, et, après lui avoir notifié qu’il faisait désormais partie des hommes du Prince, il se retira, se rendant où son devoir l’appelait. Le nouveau serviteur des grands ne put s’empêcher