Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/201

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du Prince-Gouverneur pour la capitale, annoncé par le jeune ferrash, qui n’avait sur ce point que les indices fournis par la fougue de son imagination, se trouva être parfaitement exact, et Gambèr-Aly fut tout étonné quand ses camarades lui annoncèrent qu’on s’en allait sous huit jours, attendu que le prince était rappelé et même remplacé, preuve nouvelle de la sagesse bien connue du gouvernement.

On ne s’amuse pas, dans ces pays-là, à compter minutieusement avec les mandataires du pouvoir. On les nomme, on les envoie ; ils recueillent le produit des impôts ; ils en gardent la plus grande partie pour eux, sous le prétexte que les récoltes ont été mauvaises, que le commerce ne va pas, que les travaux publics absorbent les ressources. On ne leur cherche pas de mauvaises chicanes et on reçoit pour bon ce qu’ils disent. Puis, au bout de quatre ou cinq ans, on les destitue ; on les fait venir ; on leur demande ce qu’ils préfèrent, ou rendre des comptes ou payer une somme d’argent indiquée. Ils choisissent toujours le second terme de la proposition, parce qu’il leur serait difficile de présenter des pièces en règle. On leur enlève ainsi la moitié ou les deux tiers de ce qu’ils ont amassé, et avec ce qui leur resté, ils font des cadeaux au Roi, aux ministres, aux dames du harem, aux gens influents, et, à bon prix, on leur confère un autre gouvernement qu’ils vont administrer, sans changer de système, pour arriver à la même conclusion. C’est une méthode