Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/206

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blement deux sahabgrans, parleriez-vous en ma faveur ?

— Votre bonté est excessive ! répartit Gambèr-Aly. Où a-t-on vu un ferrash du prince se déshonorer en acceptant pareille somme ?

— Je déposerais à vos pieds tous les trésors de la terre et de la mer, si je les possédais, et ne voudrais en rien garder pour moi ; mais je ne les possède pas ! Sur votre tête, sur vos yeux, par pitié pour un misérable vieillard, acceptez les cinq sahabgrans que je vous offre de bon cœur, et veuillez bien dire à Son Excellence le très-élevé Ferrash-Bachi que vous avez vu vous-même ma profonde misère.

— Je soumets une humble requête, interrompit le ferrash. Je ne demande pas mieux que de vous aider et d’obtenir le bénéfice de vos prières ; mais il faut aussi que Votre Excellence soit raisonnable. J’accepterai, pour vous faire plaisir, le cadeau d’un toman dont vous m’honorez ; c’était inutile, mais j’aurais une confusion inexprimable si je vous désobligeais. Ainsi, un toman et n’en parlons plus. Vous me remettrez deux tomans pour mon chef, et je me charge d’arranger l’affaire. Seulement, comme notre homme est assez vif et impétueux, il est à propos que d’ici à huit jours Votre Excellence ne paraisse pas dans sa noble maison. Il pourrait arriver des désagréments.

On discuta une heure, on prit plusieurs tasses de thé, on s’embrassa fort, puis, comme Gambèr-Aly resta