Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/226

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— Appelez tout de suite le gardien de la mosquée !

Ce dignitaire n’était pas loin ; il accourut, et, comme un des cavaliers lui avait dit quelques mots à l’oreille, il exécuta un salut non moins humble que les portiers de la ville l’avaient fait, et déclara que sa vie répondait de son obéissance.

— Voici la libération de cet homme, dit la dame ; comme il est hors d’état de rien comprendre en ce moment, je vais l’emporter dans ma voiture. Ce n’est pas, j’espère, violer le saint asile, puisque n’étant plus ni coupable ni poursuivi, il ne peut être réfugié. Qu’en pensez-vous ?

— Tout ce qui plaît à votre Excellence d’ordonner est nécessairement bien, répondit le vieux prêtre.

— Ainsi vous consentez à ce que je demande ?

— Sur mes yeux !

La dame fit un signe, et ses cavaliers se mirent en devoir de détacher la corde et d’enlever dans leurs bras Gambèr-Aly qui, tout aussitôt, poussa des cris lamentables. À cette voix douloureuse, les femmes, qui remplissaient la mosquée, s’émurent ; plusieurs d’entre elles avaient conçu des préventions contre les manières un peu promptes des ghoulâms accompagnant l’inconnue, et il s’éleva un murmure général, au milieu duquel on distinguait des apostrophes comme celles-ci :

— Quelle infamie ! Il n’y a plus d’Islam ! à l’aide, musulmans ! On viole l’asile ! Qu’est-ce que c’est que