Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/349

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Dans son angoisse, Mohsèn la regarda ; un fier sourire brillait sur le visage de la jeune fille. Une inspiration singulière était dans ses beaux yeux. Elle ne dit pas un mot ; il la comprit :

— Je ne connais pas votre père, dit-il à Akbar, mais qui n’a pas entendu son nom ? Vous plaît-il de ne pas retirer la main que vous avez étendue sur ma tête ? Alors menez-moi auprès de lui et je vous parlerai à tous deux.

Le jeune chef fit un signe d’assentiment. Mohsèn se plaça à côté de son cheval ; Djemylèh marchait derrière lui ; les soldats reprirent la tête, et tous les Mouradzyys, avec les deux Ahmedzyys au milieu d’eux, protégés par eux, inconnus de tous, traversèrent les bazars, traversèrent la grande place, arrivèrent devant la citadelle, en franchirent la porte, encombrée de soldats, de serviteurs et de dignitaires, et, ayant parcouru deux ruelles étroites, parvinrent au palais occupé par Abdoullah-Khan, où toute la compagnie entra.

Akbar avait dit deux mots à un esclave beloutje, qui s’était hâté de le devancer dans l’intérieur de la cour. Au moment où le chef descendait de cheval, cet esclave revint, accompagné d’une servante qui, s’adressant à Djemylèh avec respect, l’engagea à la suivre dans le harem, où elle allait la conduire. Aucune proposition ne pouvait être plus convenable et plus polie, et Akbar, en ménageant cet accueil à la femme de son