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relayèrent. Dans cette ville d’Ancône, ils s’embarquèrent, ainsi qu’ils l’avaient résolu, et je ne sais s’ils eurent bon ou mauvais vent. Bref, je vous dirai, charmante lectrice, ce qu’il conviendra de vous dire et, quand ils seront arrivés, je vous en préviendrai.

Ce qu’il est important de savoir, c’est que don César redevint plus amoureux qu’il n’avait jamais été ; mais Rosetta, bien qu’avec une douceur infinie, ne voulut lui laisser aucune espèce d’espérance. Elle le réconfortait de son mieux, l’assurait de son repentir du mal qu’elle lui avait fait, lui donnait avec une autorité tendre et presque maternelle, quoiqu’elle fût plus jeune que lui, de sages conseils sur sa conduite, surtout sur ses prétentions dont elle s’était vite aperçue ; mais elle lui confirma sa résolution de consacrer le reste de sa vie à la prière et à la méditation.

Don César essaya en vain de tous les moyens de respect et d’amour pour lui persuader de l’aimer ; n’y pouvant réussir de cette façon, il voulut prendre une méthode plus cavalière, et, après y avoir rêvé quelque temps, s’abandonnant à des inspirations fort peu respectueuses, il laissa tomber sous ses pieds un billet qu’elle ramassa et qui contenait les vers suivants :

Je voudrais bien, céleste créature,

Dans ta chambrette une nuit pénétrer,

De mes deux bras te faire une ceinture,

Clore ta bouche avec un chaud baiser,

Enfin, enfin, te contraindre à céder.