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— Rien, doubles sots que vous êtes ! Retournez chez vous et laissez-moi tranquille.

— Ah ! répondirent les paysans d’un air de compassion ironique, c’est quelque nouveau tour de…

— Vous êtes d’impudents menteurs ! s’écria le gentilhomme en continuant sa route.

Les paysans se rangèrent de côté pour voir défiler la caravane, et, lorsqu’ils eurent reconnu la profession de Matteo et de sa bande, ils en témoignèrent leur joie de mille manières ; puis ils partirent en toute hâte pour annoncer dans le village l’heureuse arrivée d’une troupe de comédiens.

A peine s’étaient-ils éloignés que deux autres personnages d’un extérieur respectable se présentèrent sur le chemin et abordèrent le vieillard :

— Seigneur podestat, et vous, seigneur curé, apprenez qu’il vient de m’arriver un nouveau malheur.

— Cela ne nous étonne point, don Geronimo, répondit le curé ; jusqu’à ce que vous vous soyez rendu plus raisonnable, je ne doute pas qu’il n’en soit toujours ainsi.

— Cela peut être, répondit sèchement le vieux gentilhomme. Mais deux drôles, que je suspecte depuis longtemps, vont répandre dans le village la nouvelle de ma mésaventure : ne pourrait-on pas en rejeter le méfait sur ces histrions qui me suivent ?

Le podestat leva les épaules sans répondre et,