Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/65

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vois pas trop, à la vérité, ce qui pourra sortir de tout ceci, mais évidemment il y a quelque chose qui passe ma compréhension, et, dans ce cas-là, je m’incline devant la toute-puissance. Seigneur podestat, je ne sais si vous partagez mon avis, mais il ne me semble pas juste de laisser un homme aussi indigne que ce Vénitien épouser la fortune de dona Paula. Puisque M. Corybante est un homme sans caractère, ce que je n’aurais jamais cru de lui, le seigneur Matteo saura remplir un devoir ; levez-vous donc, monsieur Cigoli ; faites-vous conduire au château ; ma gouvernante va vous y mener ; vous raconterez à don Geronimo tout ce que vous m’avez dit, et vous aurez eu le double mérite de démasquer un fripon et d’arracher une jeune fille, d’ailleurs peu intéressante, à un hymen qu’elle déteste.

— Votre Révérence peut ajouter à ces deux plaisirs, dit Scaramouche, la joie de ruiner les espérances d’un traître que je voudrais voir pendu la tête en bas !

Il serra le poing pour assurer l’effet de son imprécation et, précédé de Jacinthe, il s’avança joyeusement vers le château qui s’élevait sur une colline à quelque cent pas seulement du presbytère.

Pendant que tout ceci se passait, la troupe comique laissée aux soins de Polichinelle qui ne manquait jamais de reprendre le commandement lorsque Matteo s’absentait, la troupe comique, disons-nous, avait continué son voyage dans la