Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/67

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être question d’autre chose entre elle et le jeune homme si empressé, leva les épaules en riant et se prépara à rentrer dans l’auberge ; mais son interlocuteur l’arrêta par sa jupe.

— Vous vous trompez sans doute, mon bel ange, lui dit-il. Il est vrai que je suis amoureux fou de vos beautés et que, pour vous plaire, j’irais aux grandes Indes sur les genoux ; mais il ne s’agit pas de cela en ce moment ; je veux faire partie de votre troupe ; à toute force, il faut que vous m’y trouviez un rôle et, si vous saviez tout mon savoir-faire, je ne doute pas que vous ne m’admissiez avec enthousiasme.

— Tout cela est fort possible, répliqua Colombine ; mais je ne vous connais pas, et vous m’avez l’air d’un petit effronté bien avancé pour son âge.

— Peut-être plus que vous ne pensez, répondit cavalièrement le jeune homme ; mais réfléchissez à ma proposition et faites en sorte d’y donner une réponse favorable. Là, croyez-moi, je dois avoir l’air de valoir quelque chose ; mais, sans vanité, je tiens plus que je ne promets. Et, entre nous, vous n’aurez à craindre de moi aucune perfidie.

— A bas les mains ! dit Colombine en riant ; voilà un petit bonhomme qui n’a guère plus de quinze ans et qui est déjà bien délibéré.

— Ah çà ! mais, je ne me trompe pas, dit une voix à côté des deux causeurs.

C’était don Geronimo. Il saisit le garçon par le bras, le regarda bien en face, et, d’un ton très sec, il continua :