Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/75

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mais moins anciennes ; les Vénitiens introduisirent des Italiens en grand nombre ; les aventuriers français et espagnols du dix-septième siècle apportèrent leur appoint ; des Grecs également. Bref, quand le dernier héritier de la maison ducale européenne eut été contraint de déposer son pouvoir entre les mains des Turcs, ceux-ci, à la vérité, ne changèrent rien à la constitution politique de l’île, et n’y envoyèrent pas de représentants de l’Islam ; ils firent même plus : ils intronisèrent un duc de leur choix, qui fut un médecin juif du Sultan. Mais ce fils de Moïse n’eut pas de successeur, et comme il n’avait jamais résidé dans l’île, son palais, devenu propriété nominale du Sultan, fut abandonné et peu à peu démoli par la noblesse elle-même, qui trouva commode de prendre des matériaux à bon marché dans ces constructions qu’on ne réclamait pas, qu’on ne protégeait pas et qu’on ne réparait pas. Et dès lors le gouvernement du lieu devint tout à fait municipal et républicain entre les mains des vieilles familles, et, nobles et peuple, aussi pauvres l’un que l’autre, habitués à vivre ensemble, oubliés de l’univers entier, n’ayant aucun pré-