Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/96

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et plus Akrivie mettait de franchise dans ses rires, plus elle ouvrait ses grands yeux en le regardant et semblait disposée à le laisser lire au fond de son âme, moins il la comprenait, et il arriva naturellement qu’à l’attrait de la voir si belle se joignit bientôt celui de la trouver d’autant plus mystérieuse qu’en vérité elle-même ne s’en doutait pas.

Elle se montra femme sur un point essentiel. Par un hasard, et comme par inspiration, il eut l’idée de lui parler toilette. Ici l’intérêt d’Akrivie fut visiblement éveillé, comme aussi celui de sa belle-sœur, et sa mère elle-même eut une commotion dans sa léthargie. Mais Norton s’aperçut que pour être vraiment compris, il ne fallait pas monter trop haut ; Akrivie et Triantaphyllon considéraient sincèrement une robe de velours comme le dernier point possible de l’élégance humaine, et des bracelets d’or comme devant combler tous les vœux de la mortelle la plus exigeante. Quant aux modes proprement dites, elles ne s’en rendaient pas un compte très exact. En somme, Norton ne s’ennuya point ; il s’intéressait même de plus en plus à mesure que l’intimité s’ac-