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CHAPITRE XIV.

Suite de la démonstration de l’inégalité intellectuelle des races. Les civilisations diverses se repoussent mutuellement. Les races métisses ont des civilisations également métisses.

Si les races humaines étaient égales entre elles, l’histoire nous présenterait un tableau bien touchant, bien magnifique et bien glorieux. Toutes intelligentes, toutes l’œil ouvert sur leurs intérêts véritables, toutes habiles au même degré à trouver le moyen de vaincre et de triompher, elles auraient, dès les premiers jours du monde, égayé la face du globe par une foule de civilisations simultanées et identiques également florissantes. En même temps que les plus anciens peuples sanscrits fondaient leur empire, et, par la religion et par le glaive, couvraient l’Inde septentrionale de moissons, de villes, de palais et de temples ; en même temps que le premier empire d’Assyrie illustrait les plaines du Tigre et de l’Euphrate par ses somptueuses constructions, et que les chars et la cavalerie de Nemrod défiaient les peuples des quatre vents, on aurait vu, sur la côte africaine, parmi les tribus des nègres à tête prognathe, surgir un état social raisonné, cultivé, savant dans ses moyens, puissant dans ses résultats.

Les Celtes voyageurs auraient apporté au fond de l’extrême occident de l’Europe, avec quelques débris de la sagesse orientale des âges primitifs, les éléments indispensables d’une grande société, et auraient certainement trouvé chez les populations ibériennes alors répandues sur la face de l’Italie, dans les îles de la Méditerranée, dans la Gaule et l’Espagne, des rivaux aussi bien renseignés qu’eux-mêmes sur les traditions anciennes, aussi experts dans les arts nécessaires et dans les inventions d’agrément.

L’humanité unitaire se serait promenée noblement à travers le monde, riche de son intelligence, fondant partout des sociétés similaires, et peu de temps eût suffi pour que toutes les