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confondre, sont, comme je l’ai déjà indiqué[1] : la similitude approximative des principaux caractères physiques, et l’aptitude générale à exprimer les sensations et les idées par les modulations de la voix.

J’ai surabondamment parlé du premier de ces phénomènes en le renfermant dans ses limites vraies.

Je vais m’occuper, maintenant, du second et rechercher quels rapports existent entre la puissance ethnique et la valeur du langage : autrement dit, si les plus beaux idiomes appartiennent aux fortes races ; dans le cas contraire, comment l’anomalie peut s’expliquer.


CHAPITRE XV.

Les langues, inégales entre elles, sont dans un rapport parfait avec le mérite relatif des races.

S’il était possible que des peuples grossiers, placés au bas de l’échelle ethnique, ayant aussi peu marqué dans le développement mâle que dans l’action féminine de l’humanité, eussent cependant inventé des langages philosophiquement profonds, esthétiquement beaux et souples, riches d’expressions diverses et précises, de formes caractérisées et heureuses, également propres aux sublimités, aux grâces de la poésie, comme à la sévère précision de la politique et de la science, il est indubitable que ces peuples auraient été doués d’un génie bien inutile : celui d’inventer et de perfectionner un instrument sans emploi au milieu de facultés impuissantes.

Il faudrait croire alors que la nature a des caprices sans but, et avouer que certaines impasses de l’observation aboutissent non pas à l’inconnu, rencontre fréquente, non pas à l’indéchiffrable, mais tout simplement à l’absurde.

  1. Voir p. 142-144.