Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/260

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un état en quelque sorte idéal, puisque l’histoire ne l’a pas vu. Nous ne pouvons l’imaginer qu’en reconnaissant l’incontestable prédominance de ceux de nos groupes demeurés les plus purs.

Mais tout n’aurait pas été gain dans une telle situation. La supériorité relative, en persistant d’une manière plus évidente, n’aurait pas, il faut le reconnaître, été accompagnée de certains avantages que les mélanges ont produits, et qui, bien que ne contre-balançant pas, tant s’en faut, la somme de leurs inconvénients, n’en sont pas moins dignes d’être, quelquefois, applaudis. C’est ainsi que le génie artistique, également étranger aux trois grands types, n’a surgi qu’à la suite de l’hymen des blancs avec les nègres. C’est encore ainsi que, par la naissance de la variété malaise, il est sorti des races jaunes et noires une famille plus intelligente que sa double parenté, et que de l’alliance jaune et blanche il est issu, de même, des intermédiaires très supérieurs aux populations purement finnoises aussi bien qu’aux tribus mélaniennes.

Je ne le nie pas : ce sont là de bons résultats. Le monde des arts et de la noble littérature résultant des mélanges du sang, les races inférieures améliorées, ennoblies, sont autant de merveilles auxquelles il faut applaudir. Les petits ont été élevés. Malheureusement les grands, du même coup, ont été abaissés, et c’est un mal que rien ne compense ni ne répare. Puisque j’énumère tout ce qui est en faveur des mélanges ethniques, j’ajouterai encore qu’on leur doit bien des raffinements de mœurs, de croyances, surtout des adoucissements de passions et de penchants. Mais ce sont autant de bénéfices transitoires, et si je reconnais que le mulâtre, dont on peut faire un avocat, un médecin, un commerçant, vaut mieux que son grand-père nègre, entièrement inculte et propre à rien, je dois avouer aussi que les Brahmanes de l’Inde primitive, les héros de l’Iliade, ceux du Schahnameh, les guerriers scandinaves, tous fantômes si glorieux des races les plus belles, désormais disparues, offraient une image plus brillante et plus noble de l’humanité, étaient surtout des agents de civilisation et de grandeur plus actifs, plus intelligents, plus sûrs que les