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populations métisses, cent fois métisses, de l’époque actuelle, et cependant, déjà, ils n’étaient pas purs.

Quoi qu’il en soit, l’état complexe des races humaines est l’état historique, et une des principales conséquences de cette situation a été de jeter dans le désordre une grande partie des caractères primitifs de chaque type. On a vu, par suite d’hymens multipliés, les prérogatives, non seulement diminuer d’intensité comme les défauts, mais aussi se séparer, s’éparpiller et se faire souvent contraste. La race blanche possédait originairement le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force. À la suite de ses unions avec les autres variétés, il se rencontra des métis beaux sans être forts, forts sans être intelligents, intelligents avec beaucoup de laideur et de débilité. Il se trouva aussi que la plus grande abondance possible du sang des blancs, quand elle s’accumulait, non pas d’un seul coup, mais par couches successives, dans une nation, ne lui apportait plus ses prérogatives naturelles. Elle ne faisait souvent qu’augmenter le trouble déjà existant dans les éléments ethniques et ne semblait conserver de son excellence native qu’une plus grande puissance dans la fécondation du désordre. Cette anomalie apparente s’explique aisément, puisque chaque degré de mélange parfait produit, outre une alliance d’éléments divers, un type nouveau, un développement de facultés particulières. Aussitôt qu’à une série de créations de ce genre d’autres éléments viennent s’adjoindre encore, la difficulté d’harmoniser le tout crée l’anarchie, et plus cette anarchie augmente, plus les meilleurs, les plus riches, les plus heureux apports perdent leur mérite et, par le seul fait de leur présence, augmentent un mal qu’ils se trouvent impuissants à calmer. Si donc les mélanges sont, dans une certaine limite, favorables à la masse de l’humanité, la relèvent et l’ennoblissent, ce n’est qu’aux dépens de cette humanité même, puisqu’ils l’abaissent, l’énervent, l’humilient, l’étêtent dans ses plus nobles éléments, et quand bien même on voudrait admettre que mieux vaut transformer en hommes médiocres des myriades d’êtres infimes que de conserver des races de princes dont le sang, subdivisé, appauvri, frelaté, devient l’élément