Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours facile, de ce prétendu genre de travaux. C’est une manière de se supposer libre de tous renseignements ; on déclare ainsi la table rase, et l’on se trouve parfaitement autorisé à l’encombrer à son choix de telles hypothèses qui peuvent convenir et que l’on peut mettre où l’on suppose le vide. Alors, on dispose tout à son gré et, au moyen d’une phraséologie spéciale, en supputant les temps, par âges de pierre, de bronze, de fer, en substituant le vague géologique à des approximations de chronologie qui ne seraient pas assez surprenantes, on parvient à se mettre l’esprit dans un état de surexcitation aiguë, qui permet de tout imaginer et de tout trouver admissible. Alors au milieu des incohérences les plus fantasques, on ouvre tout à coup, dans tous les coins du globe terrestre, des trous, des caves, des cavernes de l’aspect le plus sauvage, et on en fait sortir des amoncellements épouvantables de crânes et de tibias fossiles, de détritus comestibles, d’écailles d’huîtres et d’ossements de tous les animaux possibles et impossibles, taillés, gravés, éraflés, polis et non polis, de haches, de têtes de flèches, d’outils sans noms ; et le tout s’écroulant sur les imaginations troublées, aux fanfares retentissantes d’une pédanterie sans pareille, les ahurit d’une manière si irrésistible que les adeptes peuvent sans scrupule, avec sir John Lubbock et M.Evans, héros de ces rudes labeurs, assigner à toutes ces belles choses une antiquité, tantôt de cent mille années, tantôt une autre de cinq cent mille, et ce sont des différences d’avis dont on ne s’explique pas le moins du monde le motif.

Il faut savoir respecter les congrès préhistoriques et leurs amusements. Le goût en passera quand de pareils