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accepter pleinement l’assertion d’Hérodote, amenant de ce voisinage les tribus phéniciennes, bien que le fait ait été contesté récemment (1)[1]. L’activité chananéenne était trop vive pour n’avoir pas puisé la naissance aux sources les plus pures de l’émigration chamite (2)[2].

Partout dans cette société, à Babylone comme à Tyr, règne avec force le goût des monuments gigantesques, que le grand nombre des ouvriers disponibles, leur servitude et leur abjection, rendaient si faciles à élever. Jamais, nulle part, on n’eut de pareils moyens de construite des monuments énormes, si ce n’est en Égypte, dans l’Inde et en Amérique, sous l’empire de circonstances et par la force de raisons absolument semblables. Il ne suffisait pas aux orgueilleux Chamites de faire monter vers le ciel de somptueux édifices ; il leur fallait encore ériger des montagnes pour servir de base à leurs palais, à leurs temples, montagnes artificielles non moins solidement soudées au sol que les montagnes naturelles, et rivalisant avec elles par l’étendue de leurs contours et l’élévation de leurs crêtes. Les environs du lac de Van (3)[3] montrent encore ce que furent ces prodigieux chefs-d’œuvre d’une imagination sans frein, servie par un despotisme sans pitié, obéie par la stupidité vigoureuse. Ces tumulus géants sont d’autant plus dignes d’arrêter l’attention, qu’ils nous reportent à des temps antérieurs à la séparation des Chamites blancs du reste de l’espèce. Le type en constitue le monument primordial commun à toute la race. Nous le retrouverons dans l’Inde, nous le verrons chez les Celtes. Les Slaves nous le montreront également, et ce ne sera pas sans surprise qu’après l’avoir contemplé sur les bords du Jénisséi et du fleuve Amour, nous le reconnaîtrons s’élevant au pied des montagnes alléghaniennes, et servant de base aux téocallis mexicains.

Nulle part, sauf en Égypte, les tumulus ne reçurent les proportions



(1) Movers, t. II, 1re partie, p. 302.

(2) Id. ibid., p. 31. — L’opinion de cet auteur est victorieusement réfutée par Ewald, Taber, Michaelis, etc.

(3) Voir les découvertes du docteur Schultz.


  1. (1) Movers, t. II, 1re partie, p. 302.
  2. (2) Id. ibid., p. 31. — L’opinion de cet auteur est victorieusement réfutée par Ewald, Taber, Michaelis, etc.
  3. (3) Voir les découvertes du docteur Schultz.