Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/294

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soumise à une dynastie issue de leur sang, les nouveaux principes blancs jetés au milieu des masses avaient dû régénérer et régénérèrent, en effet, les nations dans lesquelles ils furent infusés. Mais leur rôle ne fut pas complètement actif. C’était chez des métis et des lâches qu’ils arrivaient, non pas chez des barbares. Ils auraient pu tout détruire, s’il leur avait plu d’agir en maîtres brutaux. Beaucoup de choses regrettables auraient péri : ils firent mieux. Ils usèrent de l’admirable instinct qui jamais n’a abandonné l’espèce, et, donnant de loin un exemple que, plus tard, les Germains n’ont pas manqué de suivre, ils s’imposèrent l’obligation d’étayer la société vieillie et mourante à laquelle venait s’associer la jeunesse de leur sang. Pour y parvenir, ils se mirent à l’école de leurs vaincus et apprirent ce que l’expérience de la civilisation avait à leur enseigner. À en juger par l’événement, leurs succès ne laissèrent rien à souhaiter. Leur règne fut plein d’éclat et leur gloire si brillante, que les collecteurs grecs d’antiquités asiatiques leur ont fait l’honneur de la fondation de l’empire d’Assyrie, dont ils n’étaient que les restaurateurs. Erreur bien honorable pour eux et qui donne, tout à la fois, la mesure de leur goût pour la civilisation et de la vaste étendue de leurs travaux.

Dans la société chamite, aux destinées de laquelle ils se trouvèrent dès lors présider, ils apparaissent dans des fonctions bien multipliées. Soldats, matelots, ouvriers, pasteurs, rois, continuateurs des gouvernements auxquels ils se substituaient, ils acceptèrent la politique assyrienne en ce qu’elle avait d’essentiel. Ils furent ainsi amenés à consacrer une part de leur attention aux intérêts du commerce.

Si l’Asie antérieure était le grand marché du monde occidental et son point principal de consommation, la côte de la




les souverains sémites de l’Assyrie un point dangereux d’où sortaient des compétiteurs qu’il fallait mater d’avance, et je crois facilement à l’assertion de M. Rawlinson, qui remarque qu’un des plus illustres conquérants de la dynastie que je persiste à considérer comme la quatrième, monarque dont le nom paraît devoir se lire Amak-bar-bethkira, dirigea l’effort de ses armes vers les sources du Tigre et de l’Euphrate, en Arménie et dans toute la contrée septentrionale avoisinante. (Outlines of Assyrian history, p. XXIII.)