Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entier l’appareil des formes verbales, si saillant dans les idiomes sémitiques, avec cette grave différence que rien n’y est stérile ; tous les verbes passent, sans difficulté, par toutes les conjugaisons (1)[1]. D’autre part, on n’y trouve plus de ces racines dont la parenté visible avec l’indo-germanique trouble singulièrement les idées de ceux qui veulent faire du groupe sémitique un système entièrement original, absolument isolé des langues de notre espèce (2)[2]. Pour les idiomes nègres, pas de trace, pas de soupçon possible d’une alliance quelconque avec les langues de l’Inde et de l’Europe ; au contraire, alliance intime, parenté visible avec celles de l’Assyrie, de la Judée, du Chanaan et de la Libye.



(1) Pott, Verwandtschaftliches Verhæltniss der Sprachen vom Kafferund Kongo-Stamme, p. 11, p. 25. « Noch erwæhne ich hier behuf allgemeinerer Charakterisirungs gegenwærtiger Idiome ihre Ueberfülle an dem, was die semitische Grammatik unter Conjugationen versteht ; ich meine die Menge besonderer Verbal-formen, welche eigentümliche Begriffsabschattungen und Nebenbezeichnungen des im jedesmaligen Verbum liegenden Grundgedankens abgeben und darstellen. Diese Conjugationen entshehen aber, in der Regel, durch Zusætze hinten an der Wurzel. » Et page 138 : « Es giebt gar keine Wurzelverba, die nicht æhnlicher Modificationen faehig wären ; und vermittelst gewisser Partikeln oder Zusætze zeigt ein jeder dieser Verba, und alle daraus abgeleiteten, an, ob die Handlung, die sie ausdrücken, selten oder haüfig ist ; ob sich Schwierigkeit, Leichtigkeit, Uebermaas oder andere Unterschiede dabei finden. »

(2) Ce qui n'est pas l'opinion de M. Rawlinson. Voir Journal of the R. A. Society, t. XIX art. 1, p. XXIII, la note sur le pronom kaga de l'inscription de Bi-Soutoun et le rapprochement qu'en fait le savant colonel avec le mot pouschtou haga et le latin hic. — Voir encore, pour les affinités indo-germaniques de l'assyrien, le travail de Rawlinson, précité, p. XCV. Il n'est plus douteux désormais que la plus ancienne classe d'inscriptions cunéiformes recouvre une langue sémitique. MM. Westergaard et de Saulcy, feu M. Burnouf, ont mis le fait hors de question. Et à ce propos, qu'il me soit permis de déposer ici l'expression des profonds regrets que la perte prématurée de M. Burnouf inspire à tous les amis de la science. Homme rare, d'une érudition inouïe, d'une sagacité qui tenait du prodige, d'une prudence merveilleuse, l'Angleterre et l'Allemagne nous l'enviaient justement. Il avait fait, sur les écritures assyriennes, des travaux préparatoires qu'il n'a pas eu le temps de terminer et dont le fruit est ainsi perdu pour nous. Peut-être se passera-t-il bien du temps avant que la place éminente de ce grand esprit soit occupée de nouveau.

  1. (1) Pott, Verwandtschaftliches Verhæltniss der Sprachen vom Kafferund Kongo-Stamme, p. 11, p. 25. « Noch erwæhne ich hier behuf allgemeinerer Charakterisirungs gegenwærtiger Idiome ihre Ueberfülle an dem, was die semitische Grammatik unter Conjugationen versteht ; ich meine die Menge besonderer Verbal-formen, welche eigentümliche Begriffsabschattungen und Nebenbezeichnungen des im jedesmaligen Verbum liegenden Grundgedankens abgeben und darstellen. Diese Conjugationen entshehen aber, in der Regel, durch Zusætze hinten an der Wurzel. » Et page 138 : « Es giebt gar keine Wurzelverba, die nicht æhnlicher Modificationen faehig wären ; und vermittelst gewisser Partikeln oder Zusætze zeigt ein jeder dieser Verba, und alle daraus abgeleiteten, an, ob die Handlung, die sie ausdrücken, selten oder haüfig ist ; ob sich Schwierigkeit, Leichtigkeit, Uebermaass oder andere Unterschiede dabei finden. »
  2. 2) Ce qui n'est pas l'opinion de M. Rawlinson. Voir Journal of the R. A. Society, t. XIX part. 1, p. XXIII, la note sur le pronom kaga de l'inscription de Bi-Soutoun et le rapprochement qu'en fait le savant colonel avec le mot pouschtou haga et le latin hic. — Voir encore, pour les affinités indo-germaniques de l'assyrien, le travail de Rawlinson, précité, p. XCV. Il n'est plus douteux désormais que la plus ancienne classe d'inscriptions cunéiformes recouvre une langue sémitique. MM. Westergaard et de Saulcy, feu M. Burnouf, ont mis le fait hors de question. Et à ce propos, qu'il me soit permis de déposer ici l'expression des profonds regrets que la perte prématurée de M. Burnouf inspire à tous les amis de la science. Homme rare, d'une érudition inouïe, d'une sagacité qui tenait du prodige, d'une prudence merveilleuse, l'Angleterre et l'Allemagne nous l'enviaient justement. Il avait fait, sur les écritures assyriennes, des travaux préparatoires qu'il n'a pas eu le temps de terminer et dont le fruit est ainsi perdu pour nous. Peut-être se passera-t-il bien du temps avant que la place éminente de ce grand esprit soit occupée de nouveau.