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M, de Tocqueville se retira sans vouloir rien donner ni demander ; mais le ministre par intérim des affaires étrangères, le général de La Hitte, ancien camarade du père de M. de Gobineau à la garde royale, s’intéressa à son fils et le nomma secrétaire d’ambassade à Berne.

Ce fut un choix heureux. La position matérielle de M. de Gobineau était assurée. Sa carrière lui laissait des loisirs. Il se livra au travail, et le livre dont nous présentons aujourd’hui la seconde édition au public fut composé vers cette époque à Berne, puis à Hanovre et à Francfort où il fut successivement envoyé.

Le coup d’État de 1851 ne modifia pas sa situation. Il ne l’accueillit pas avec le même déplaisir que le firent ses amis. Il avait un certain goût pour la force, et la basse et féroce populace métisse des grandes villes lui inspirait un profond dégoût.

A Francfort il connut deux personnages bien différents : le terrible futur grand chancelier qui s’apprêtait à porter le fer et le feu dans l’œuvre de M. de Metternich, et le baron de Prockesh, le dernier disciple du prudent homme d’État autrichien, qui devait représenter si longtemps l’Autriche en Turquie avec tant de sagesse et de dignité. Il ne conserva pas de rapports ultérieurs avec le premier, mais il se lia avec le second d’une amitié qui ne se démentit jamais et dont fait foi une longue correspondance du plus grand intérêt, qui sera peut-être publiée quelque jour.

En 1834 il fut nommé premier secrétaire en Perse et partit à la fin de l’année. Il ne revint en Europe qu’au printemps de 1838. Il avait gagné Téhéran par l’Egypte et le golfe Persique. A son retour, il vit l’Arménie et Constantinople. Ce moment fut le plus heureux de sa vie.