Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/334

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toute l’attention et toute la sympathie des nations zoroastriennes, les détournait d’entrer dans le courant assyrien. Ce qui leur restait d’activité, en dehors de cette sphère, se reportait d’ailleurs tout entier du côté de l’est, vers les régions de l’Inde, vers les pays du Pendjab, où des relations étroites de parenté, des souvenirs importants, d’anciennes habitudes, la similitude de langage, et même des haines religieuses et l’esprit de controverse, qui en est la suite naturelle, reportaient leur pensée.

Les Mèdes, dans leurs entreprises sur l’Asie antérieure, se trouvaient ainsi réduits à la modicité de leurs seules ressources, situation d’autant plus faible que des compétiteurs ambitieux, des bandes de Sémites descendant du nord, se succédaient sans cesse pour ébranler leur domination.

À égalité de nombre, ces Sémites ne les valaient pas. Mais leurs flots épais, se multipliant, les astreignaient à des efforts qui ne pouvaient pas être toujours heureux, et d’autant moins que les mérites allaient, en définitive, s’égalisant, et même quelque chose de plus, à mesure que les années passaient sur les maîtres du trône.

Ceux-ci résidaient dans les villes d’Assyrie, soutenus, sans doute, de loin, par leur nation, cependant séparés d’elle et vivant loin d’elle, perdus dans la foule chamo-sémitique. Leur sang s’altéra, comme s’était altéré celui des Chamites blancs et celui des premiers Chaldéens. Les incursions sémitiques, d’abord rembarrées avec vigueur, ne trouvèrent plus, un jour, la même résistance. Ce jour-là, elles firent brèche et la domination médique fut si bien renversée que l’épée des vainqueurs commanda même au gros du peuple, découragé et accablé par les multitudes qui vinrent fondre sur lui.

Les États assyriens avaient recommencé à décliner sous les derniers souverains mèdes. Ils reprirent leur éclat, leur omnipotence dans toute l’Asie antérieure, avec le nouvel apport de sang frais et choisi qui vint, sinon relever leurs races nationales, du moins les gouverner sans conteste. C’est, par cette série incessante de régénérations que l’Assyrie se maintenait toujours à la tête des contrées chamo-sémitiques.