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ayant dominé en éclat et en gloire tous les souvenirs de leurs patriarches, ils devinrent les Juifs. Enfin, après la prise de Jérusalem par Titus, ce goût de l’archaïsme, cette passion des origines, triste aveu de l’impuissance présente qui ne manque jamais de saisir les peuples vieillards, sentiment naturel et touchant, leur fit reprendre le nom d’Hébreux.

Cette nation, malgré ce qu’elle a pu prétendre, ne posséda jamais, non plus que les Phéniciens, une civilisation qui lui fût propre. Elle se borna à suivre les exemples venus de la Mésopotamie, en les mélangeant de quelque peu de goût égyptien. Les mœurs des Israélites, dans leur plus beau moment, au temps de David et de Salomon (1)[1], furent tout à fait tyriennes, et partant ninivites. On sait avec quelle peine et même quels succès mélangés, les efforts de leurs prêtres tendirent constamment à les tenir loin des plus horribles abus de l’émanatisme oriental.

Si les fils d’Abraham avaient pu garder, après leur descente des montagnes chaldéennes, la pureté relative de race qu’ils apportaient avec eux, il n’y a pas de doute qu’ils eussent conservé et étendu cette prépondérance qu’avec le père de leurs patriarches, on leur vit exercer sur les populations chananéennes plus civilisées, plus riches, mais moins énergiques, parce qu’elles étaient plus noires. Par malheur, en dépit de prescriptions fondamentales, malgré les défenses successives de la loi, malgré même les exemples terribles de réprobation que rappellent les noms des Ismaélites, des Édomites, descendants illégitimes et rejetés de la souche abrahamide, il s’en fallut de tout que les Hébreux ne s’alliassent que dans leur parenté (2)[2]. Dès leurs



(1) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 87.

(2) D’ailleurs la famille même du fils de Tharé ne se composait pas que de personnes issue de la même souche. Lorsqu’il forma alliance avec le Seigneur et qu’il eut circoncis tous les mâles de sa maison, ceux-ci devinrent tous hébreux, bien que le texte dise expressément qu’il y avait parmi eux des esclaves achetés à prix d’argent et des étrangers (Gen., XVII, 27) : « Et omnes viri domus illius, tam vernaculi, quam emptitii et alienigenæ, pariter circumcisi sunt. » On doit conclure aussi des paroles expresses du livre saint que la nationalité israélite résultait beaucoup moins de la descendance que du fait

  1. (1) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 87.
  2. (2) D’ailleurs la famille même du fils de Tharé ne se composait pas que de personnes issue de la même souche. Lorsqu’il forma alliance avec le Seigneur et qu’il eut circoncis tous les mâles de sa maison, ceux-ci devinrent tous hébreux, bien que le texte dise expressément qu’il y avait parmi eux des esclaves achetés à prix d’argent et des étrangers (Gen., XVII, 27) : « Et omnes viri domus illius, tam vernaculi, quam emptitii et alienigenæ, pariter circumcisi sunt. » On doit conclure aussi des paroles expresses du livre saint que la nationalité israélite résultait beaucoup moins de la descendance que du fait de la circoncision. Voici les paroles expresses (Gen., XVII, 11) : « Et circumcidetis carnem præputii vestri ut sit in signum fœderis inter me et vos... » (12) : « Omne masculinum in generationibus vestris ; tam vernaculus quam emptitius circumcidetur... » Et (XXXIV, 15) : « Sed in hoc valebimus fœderari, si volueritis esse similes nostri et circumcidatur in vobis omne masculini sexus. » (13) : « Tunc dabimus mutuo filias vestras ac nostras  : et habitabimus vobiscum, erimusque unus populus. » D’après un tel système, il était impossible que la pureté des races se maintînt, quels que fassent les efforts que l’on pouvait faire d’ailleurs dans ce but.