Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses plus anciennes splendeurs, sont tout à fait au-dessus du Delta. En dehors de la côte arabique, parce que le caractère stérile du sol n’y permettait pas de vastes établissements, la colonisation antique ne s’en écarte cependant pas trop et ne cherche pas encore à gagner les rives de la Méditerranée. C’est que, probablement, elle ne voulait pas rompre toute relation avec l’ancienne patrie. Malgré les sables, malgré les rocs qui bordent le golfe par où l’immigration avait pu se faire, des ports de commerce existaient sur ces rivages, entre autres, Philotéras (1)[1], tous reliés au centre fertile où se mouvaient principalement les populations, au moyen de stations établies dans le désert, Wadi-Djasous, par exemple, dont on sait que les puits furent réparés par Amounm-Gori (1686 avant J.-C., suivant Wilkinson ; à une date plus ancienne, au dire de M. le chevalier Bunsen), et lorsque les Égyptiens ne possédaient rien du côté de la Palestine. Il y a même lieu de croire que les mines d’émeraudes de Djebel-Zabara étaient déjà exploitées avant cette époque. Dans les tombeaux des Pharaons de la 18e dynastie, le lapis-lazuli et d’autres pierres précieuses, originaires de l’Inde, se rencontrent en abondance. Je ne parle pas ici des vases de porcelaine, venus indubitablement de la Chine, et découverts dans des hypogées dont la date de fondation est inconnue. Cette dernière circonstance suffit, à elle seule, pour donner le droit d’attribuer ces monuments et leur contenu à une époque très reculée (2)[2].

De ce que les Égyptiens étaient établis dans le centre de la vallée du Nil, je conclus qu’ils n’appartenaient pas aux nations chamites et sémites, dont la route vers l’Afrique occidentale était, au contraire, la rive méditerranéenne. De ce qu’ils portent, dans toutes les représentations figurées, le caractère évidemment caucasien, je conclus que la partie civilisatrice de la nation avait une origine blanche. Des traces arianes qui se trouvent dans leur langue, je conclus aussi, dès à présent, leur identité primitive avec la famille sanscrite. À mesure que



(1) Wilkinson, t. I, p. 225 et pass.

(2) Ouvrage cité, t.1, p. 231.

  1. (1) Wilkinson, t. I, p. 225 et pass.
  2. (2) Ouvrage cité, t.1, p. 231.