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nous allons avancer dans l’examen du peuple d’Isis, de nombreux détails vont confirmer, l’un après l’autre, ces prémisses.

J’ai montré qu’aux époques historiques les plus lointaines, les Égyptiens n’avaient que peu ou point de rapports avec les peuples chamites ou sémites et les contrées habitées par ces peuples ; tandis qu’au contraire, ils paraissent avoir entretenu des relations suivies avec les nations maritimes du sud-est. Leur activité se tournait si naturellement de ce côté, les transactions qui en résultaient avaient un tel degré d’importance, qu’au temps de Salomon le commerce entre les deux pays dépassait, pour un seul voyage d’importation, la valeur de 80 millions de nos francs (1)[1].

Tout en constatant l’origine sanscrite du noyau civilisateur de la race, il ne faudrait pas nier que, dès une époque très ancienne, cette race ne se soit fortement imprégnée du sang des noirs et mêlée aussi à de nombreux essaims chamites et à des fils de Sem. J’ai cité, sur ce point, l’autorité de Juba, qui reconnaît aux riverains du Nil, de Syène à Méroé, une provenance arabe (2)[2]. Malgré cette descendance multiple, les Égyptiens se croyaient et se disaient autochtones. Ils l’étaient en effet, en tant qu’héritiers, par le sang des aborigènes mélaniens. Cependant, si l’on veut s’attacher à la partie la plus noble de leur généalogie, on se refusera à partager leur opinion, et, persistant à les considérer comme des immigrants, non pas tant du nord et de l’est que du sud-est, on relèvera dans la constitution de leurs mœurs les traces très apparentes de la filiation que l’ignorance leur faisait renier.

À la religion féroce des nations assyriennes les Égyptiens opposaient les magnificences d’un culte, sinon plus idéal, au moins plus humain, et qui, après avoir aboli au temps de l’ancien empire, sous les premiers successeurs de Menès (3)[3],



(1) Wilkinson, t.1, p. 225 et pass.

(2) La Genèse trouve des Sémites parmi les fils de Mesraïm, fils de Cham : « At vero Mesraïm genuit Ludin et Anamim, et Laabim Nephtuïm et Phetrusim et Chasluim ; de quibus egressi sunt Philistiim et Caphtorim (X, 13, 14). »

(3) M. de Bohlen a trouvé entre le fondateur de la royauté égyptienne

  1. (1) Wilkinson, t.1, p. 225 et pass.
  2. (2) La Genèse trouve des Sémites parmi les fils de Mesraïm, fils de Cham : « At vero Mesraïm genuit Ludin et Anamim, et Laabim Nephtuïm et Phetrusim et Chasluim ; de quibus egressi sunt Philistiim et Caphtorim (X, 13, 14). »
  3. (3) M. de Bohlen a trouvé entre le fondateur de la royauté égyptienne et le législateur mythique de l’Inde, Manou, un grand rapport de noms.