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creusant les canaux, tandis que les castes plus blanches imaginaient, ordonnaient et surveillaient l’ouvrage, et, lorsqu’il était achevé, en recueillaient justement la gloire. Que l’humanité gémisse d’un si terrible spectacle, c’est à propos ; mais, après un tribut suffisant d’indignation et de regrets, on apprécie les terribles raisons qui forçaient les masses populaires de l’Égypte et de l’Assyrie à s’accommoder patiemment d’un joug aussi durement imposé : il y avait chez la plèbe de ces pays nécessité ethnique invincible de subir les caprices de tous les maîtres, à cette condition cependant que ces maîtres conserveraient le talisman qui leur assurait l’obéissance, c’est-à-dire, assez du sang des blancs pour justifier leurs droits à la domination.

Cette condition fut certainement remplie dans les belles périodes de la puissance égyptienne. Aux plus illustres moments de l’empire d’Assyrie, les trônes de Babylone et de Ninive ne voyaient pas défiler sous les yeux des rois de plus nobles profils que ceux dont on admire encore la majesté sur les sculptures de Beni-Hassan (1)[1].

Mais il est bien évident que cette pureté, d’ailleurs relative, ne pouvait pas durer indéfiniment. Les castes n’étaient pas organisées de manière à la conserver d’une manière suffisante. Aussi n’est-il pas douteux que, si la civilisation égyptienne n’avait eu d’autre raison d’exister que la seule influence du type hindou auquel elle devait la vie, elle n’aurait pas eu la longévité qu’on peut lui attribuer, et longtemps avant Rhamsès III, qui termine l’ère de plus grande splendeur, longtemps avant le XIIIe siècle avant J.-C., la décadence aurait commencé.

Ce qui soutint cette civilisation, ce fut le sang de ses ennemis asiatiques, chamites et sémites, qui, à plusieurs reprises et de différentes façons, vinrent quelque peu la régénérer. Sans se prononcer d’une manière rigoureuse sur la nationalité



(1) Le type de l’Égypte était fixé sous la troisième dynastie qui, suivant M. Bunsen commença quatre-vingt-dix ans après la première. (Bunsen, Ægyptens Stelle in der Weltgeschichte, t. III, p. 7.)

  1. (1) Le type de l’Égypte était fixé sous la troisième dynastie qui, suivant M. Bunsen commença quatre-vingt-dix ans après la première. (Bunsen, Ægyptens Stelle in der Weltgeschichte, t. III, p. 7.)