Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/377

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simple rôle d’imitateurs inintelligents et temporaires des peuples formés d’éléments plus généreux. Cependant, même dans cette nation abyssine et surtout là, puisque c’est au point extrême, l’heureuse énergie du sang des blancs réclame encore l’admiration. Certes, ce qui, après tant de siècles, en reste aujourd’hui dans les veines de ces populations est subdivisé bien à l’infini. D’ailleurs, avant de leur parvenir, combien de souillures hétérogènes ne s’y étaient pas attachées chez les Himyarites, chez les Égyptiens, chez les Arabes musulmans ? Toutefois, là où le sang noir a pu contracter cette illustre alliance, il en conserve les précieux effets pendant des temps incalculables. Si l’Abyssin se classe tout au dernier degré des hommes riverains de la civilisation, il marche, en même temps, le premier des peuples noirs. Il a secoué ce que l’espèce mélanienne a de plus abaissé. Les traits de son visage se sont anoblis, sa taille s’est développée ; il échappe à cette loi des races simples de ne présenter que des déviations légères d’un type national immobile, et dans la variété des physionomies nubiennes on retrouve même, d’une manière surprenante, les traces, honorables en ce cas, de l’origine métisse. Pour la valeur intellectuelle, bien que médiocre et désormais inféconde, elle présente du moins une réelle supériorité sur celle de plusieurs tribus de Gallas, oppresseurs du pays, plus véritables noirs et plus véritables barbares dans toute la portée de l’expression.


CHAPITRE VI.

Les Égyptiens n’ont pas été conquérants ; pourquoi leur civilisation resta stationnaire.

Il n’y a pas à s’occuper des oasis de l’ouest, et en particulier de l’oasis d’Ammon. La culture égyptienne y régna seule, et probablement même ne fut-elle jamais possédée que par les